Dans mon précédent billet, je vous ai décrit
sommairement les dernières connaissances en neurologie sur la physiologie du
cerveau des personnes ayant un trouble du spectre de l’autisme (TSA). Généralement,
les personnes TSA perçoivent le monde par des images, des mots ou des séquences,
ou un mélange de deux catégories. Comment savoir où se situe votre
client ?
Tout d’abord, ces catégories font référence au
type de détails auxquels la personne s’attarde. Vous pouvez demander à votre
client quelles sont les informations qu’il apprend le plus facilement.
Sont-elles des choses qu’il voit, qu’il entend ou les liens et l’ordre des
éléments qu’il observe (des séquences) ?
Ce type de fonctionnement caractérise aussi la
mémoire. Est-ce que votre client a une mémoire photographique et peut reproduire
facilement en dessin une image qu’il a vue ? Lorsqu’on lui demande de se
souvenir d’un événement, est-ce une image qui lui vient rapidement à l’esprit ?
Si oui, il est du type « images ». Peut-il mémoriser des quantités incroyables
de faits ? Des dates, des chiffres, des connaissances encyclopédiques ?
Si oui, il est du type « mots ». Peut-il comprendre instinctivement une formule
mathématique, un principe de physique ou la programmation informatique ?
Peut-il reproduire une mélodie qu’il a entendue au piano ? Il a sûrement
une pensée séquentielle.
Ces informations sont cruciales, car elles
nous parlent d’un fonctionnement spontané et naturel de la personne. Dans sont
livre The Autistic Brain, Temple Grandin
nomme des professions généralement adéquates pour chaque type de penseur (pages
204-206).
Ensuite, les activités d’exploration professionnelle
varieront en fonction du mode de pensée. Avec les penseurs séquentiels, je leur
suggère de dessiner un schéma composé de leurs sujets d’intérêts (la théorie de
la relativité, la biochimie du cerveau, etc.) en associant une couleur à chaque
intérêt. De votre point de vue, cela semble peut-être abstrait, mais mon
étudiant a tout de suite compris ce que je voulais dire. On peut aussi utiliser l’exercice de
l’équation mathématique décrite dans mon billet du 1er mars
2013. Avec les types « mots », je leur fais énumérer et écrire leurs intérêts,
répulsions, des forces et des limites, sous forme de liste. Avec les types « images
», je leur fais dessiner leurs intérêts et à partir de leurs dessins, nous
explorons le monde des professions.
Je reconnais que de travailler ainsi requiert
à la fois de la créativité, de la patience et un peu d’humilité, car il y a
beaucoup d’essais et d’erreurs dans mes choix d’activités. Toutefois, ça vaut
le coup, car jusqu’à maintenant, ça a toujours fonctionné. Et le lien de confiance
en est tellement bonifié, car mes étudiants sentent, qu’enfin, un neurotypique
tente de les rejoindre dans leur mode de pensée.
Si vous avez des commentaires, idées ou
questions, partagez-les ! Il me fera plaisir d’échanger avec vous !
Émilie Robert. C.o.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Utilisez votre compte Google ou autre, autrement prenez Anonyme mais identifiez-vous dans votre message en écrivant votre nom suivi de votre courriel.